Saturday 15 November 2014

LA SAINTE MESSE NE NUIT PAS AU TRAVAIL, MAIS LE FAVORISE

CHAPITRE XXIV.

LA SAINTE MESSE NE NUIT PAS AU TRAVAIL, MAIS LE FAVORISE.

Un des principaux prétextes qu'allèguent les hommes pour se dispenser de la sainte Messe, c'est le travail. Jour et nuit ils s'y acharnent, crient à la perte du temps si l'on consacre une heure au service de DIEU, et qualifient de paresseux ceux qui envisagent surnaturellement l'emploi de leur vie. Réfuter l'erreur grossière de ces pauvres insensés et montrer combien elle leur est préjudiciable, sera pour moi une vraie satisfaction.
Si, en se rendant au travail, on rencontre un ami, on s'arrête volontiers une petite demi-heure pour écouter les nouvelles, causer de choses ou autres, échanger des propos inutiles, et cela sans aucune arrière pensée. S'agit-il d'entendre la sainte Messe, le souvenir du travail qui vous attend est un tourment continuel. Ne voyez-vous pas que le démon seul peut vous rendre si empressé aux choses de la terre et qu'il a grand intérêt, en particulier, à vous détourner de la sainte Messe? Croyez-moi, loin de nuire au travail, la sainte Messe l'avance et le rend plus lucratif.
Notre divin Maître nous recommande de chercher d'abord le royaume de DIEU et sa justice, « et tout le reste vous sera donné par surcroît. » Ce qui s'interprête ainsi: « Ne vous inquiétez pas de la nourriture du corps, mais avant de vous mettre à la besogne, entendez la sainte Messe. Vous rendez à DIEU le culte qui lui est dû, et DIEU, en retour, vous donnera le pain de chaque jour. Si vous rendez à un grand de la terre, quelqu'important et agréable service, n'en êtes-vous pas récompensé? Or, en assistant à la sainte Messe, vous rendez à DIEU un hommage éclatant, une gloire infinie, une incomparable satisfaction; vous lui offrez un présent plus précieux que le ciel même. Le Seigneur, très riche, très libéral, laissera-t-il cet acte sans récompense? Permettra-t-il qu'il vous arrive du mal à cause de votre dévouement? Jamais! Tout bien est récompensé par lui, à plus forte raison le plus grand bien. S'il oubliait, vous pourriez lui dire au jour du jugement: Seigneur, j'ai entendu une Messe pour vous glorifier et vous ne m'en avez pas récompensé. Bien plus, j'ai perdu à votre service au lieu de gagner. Jamais DIEU ne méritera pareil reproche, car, non content de leur réserver au ciel une récompense impérissable, il bénit dès ici-bas les entreprises de ceux qui assistent assidûment à la sainte Messe.
Témoin ces deux artisans dont parle saint Jean l'Aumônier; l'un était chargé d'une famille nombreuse, l'autre vivait seul avec sa femme.
Le premier nourrissait sa famille et l'élevait dans l'aisance; tout lui réussissait à merveille, et, au bout de l'année, il avait même réalisé quelques économies. L'autre, quoique seul, mourait de faim. « Apprenez-moi, dit celui-ci confidentiellement à son voisin, comment vous faites. On dirait que dans votre maison DIEU fait pleuvoir tous les biens, tandis que moi, infortuné, tous les malheurs m'accablent. — Je vous l'apprendrai bien, lui répondit son ami; demain matin je passerai chez vous et nous irons ensemble au lieu où je puise ma bonne fortune. » Le lendemain matin le pieux ouvrier alla prendre son camarade et le conduisit à l'église où ils entendirent la Messe. Puis il le ramena à son atelier; de même le second et le troisième jour. « Si ce n'est que cela, dit le malchanceux ouvrier, il n'est pas besoin que vous vous dérangiez tous les jours. Je connais le chemin de l'église. — C'est précisément cela, répondit son ami, et je n'ai pas d'autre secret. C'est de la Messe que je retire assez de bien pour que rien ne manque dans ma maison. Si vous vouliez imiter mon exemple, DIEU vous accorderait les mêmes bienfaits. J'en appelle à Notre-Seigneur qui dit: « Cherchez premièrement le royaume de DIEU et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît. » Dès les premiers jours de mon mariage j'ai cherché le royaume de DIEU par l'assistance quotidienne à la sainte Messe, et les choses nous ont été données suffisamment. Au contraire, sous prétexte de travail, vous avez négligé la sainte Messe, et vous apprenez à vos dépens combien le Seigneur est fidèle dans ses promesses. » Cette exhortation alla droit au cœur du malheureux; il
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